De la Certification des Techniciens Qualifiés de la construction.

De la Certification des Techniciens Qualifiés de la construction.

février 24, 2013 Non Par admin

L’article qui suit était destiné à être publié dans différentes revues, site internet.

Il marque un passage dans l’implication des architectes de l’asso A4.

Suite à une période de flottement, les efforts se sont concentrés au sein de l’association RésoA+ pour y défendre la parole des architectes.

De la Certification des Techniciens Qualifiés de la construction.

« Quand le Bâtiment va, tout va ».

Mais quand ça ne va pas dans un secteur émergeant, faut-il craindre un séisme global ? 

            En moins d’une année (2003), le secteur du diagnostic immobilier a attiré plusieurs milliers d’opérateurs. Venus d’horizons aussi éloignés que l’établi du taxidermiste l’est du divan du chiropracteur, certains pseudo techniciens de la construction ont obtenus leur certificat de prérequis en suivant un stage préliminaire d’assimilation du vocabulaire du « BTP ».

D’autres, fiers de leurs diplômes initiaux ont forcé le passage en 48 heures en sous estimant parfois l’ampleur des connaissances spécifiques. Parmi la série « d’Etat de Constat ou de Certificat » à établir, seul le « diagnostic Amiante » nécessite la production d’une attestation de compétence, et encore dans certains cas uniquement.

La mise ne place du « Diagnostic Technique » des immeubles d’habitations exigible à l’occasion de leurs mutations, document unique regroupant au plus six diagnostics, va s’accompagner de l’exigence de la certification des opérateurs, personnes physiques ou morales.

Le réglementeur a commandé la rédaction d’un décret d’application qui organisera cette certification, exigible pour cinq des six parties du diagnostic technique (Amiante, plomb, termite, gaz, bilan énergétique,….)

Le 6ème (Etat des risques technologiques ou naturels) consistant à produire un état délivré par le préfet ne nécessitera pas de compétences particulières.

Il s’agira donc de garantir deux qualités exigibles pour un tel document.

D’abord qu’il soit cohérent, qu’il présente des conclusions claires et évidentes.

Le rédacteur doit donc maîtriser pleinement tant les principes constructifs pour expliciter ses observations, que les méthodologies rédactionnelles pour rendre son rapport accessible à tous.

D’autre part, les conclusions doivent être justes, sans ambiguïtés et vérifiables. Pour cela, il s’agit de garantir les compétences de l’opérateur.

La certification devra donc prévoir un référentiel capable de mettre en évidence les capacités générales du diagnostiqueur à rédiger un rapport de synthèse, et d’évaluer ses compétences particulières au titre « d’opérateur de repérage » dans l’un ou l’autre des domaines, qu’il soit objet ou non d’attestation de compétence.

En effet, la certification de personne ne se substituera pas aux attestations de compétences existante (amiante) ou à venir (plomb, termite…) mais bien au contraire, servira de phase « contrôle qualité des opérateurs »

Car, il faut bien l’avouer, « le marché » ne pousse pas aujourd’hui les diagnostiqueurs à œuvrer à leur niveau maximum de compétences.

La libre concurrence laisse se côtoyer des « techniciens formés en 24 heures promo » et des « bac +6 avec 10 ans de bouteille ».

Les auditeurs des organismes de certification auront à vérifier la capacité des candidats à porter le titre de « Technicien de la Construction Qualifié », prérequis cité dans les textes réglementaires, mais absent de la liste des métiers réglementés comme de celle des qualifications professionnelles.

Pour la première fois, depuis près de 10 ans, en organisant la certification des acteurs professionnels du diagnostic, le législateur précise le profil et les valeurs fondatrices de cette nouvelle profession.

Enfin, il était temps ! Dirons les pionniers, tout en déplorant que les charrues précèdent toujours les bœufs.

Attention à la chasse aux sorcières ! S’égosillent déjà les moussaillons qui craignent que le capitaine soit tenté par une épuration technique.

Mais y a t il un capitaine dans cette chasse aux trésors ?

Espérons que les postes restés vacants dans les bureaux ministériels seront pourvus pour au moins les 18 mois avenir. Car le compte à rebours est à nouveau déclenché.

Au 1er Janvier 2006, s’est près de 10 000 opérateurs qui devront avoir été certifiés pour rédiger plusieurs centaines de milliers de « Dossier Technique Immobilier » exigible à l’occasion des ventes ou à produire pour rassurer les locataires quant à la décence de leur logement.

L’année 2005 sera de celle de la mise à niveau d’une partie des professionnels concomitamment à l’émergence d’un véritable nouveau métier du bâtiment.

Mais au-delà de l’avis des gladiateurs eux-mêmes, c’est l’institutionnalisation des nouvelles procédures mettant en jeux les partenaires et usagers de l’acte « Diagnostique Technique Immobilier » qui doit se stabiliser pour le siècle débutant.

Les banquiers et les assureurs, les tribunaux et les services de l’Etat, les associations de consommateurs, de propriétaires ou de locataires vont devoir reconnaître que le principe de précaution s’applique également à l’immobilier.

C’est un devoir constitutionnel à part entière.

L’Observatoire National de la Remédiation Amiante, créé en 1999, rassemblera les avis de tous les acteurs de la chaîne « Santé-bâtiment » à l’occasion d’un « Tour de France » au cours du second semestre 2004.

 

Luc Baillet, architecte, président de Réso A+

Le 12 juillet 2004