L’embrasement de Notre Dame de Paris: quelle part du feu?

L’embrasement de Notre Dame de Paris: quelle part du feu?

mai 1, 2019 Non Par admin

MISE À JOUR AU 07/05/2019

L’immeuble menace-t-il ruine? Quelle part du feu les pompiers lui ont-il accordé?

Suite au visionnage d’une vidéo sur LINKEDIN abordant la question du sauvetage de Notre dame de Paris, la question de reconstruire à l’identique, grâce au relevés 3D réalisés avant l’incendie, est sous entendue par Michel CHEVALET.

Personnellement, je me pose la question de la solidité de l’édifice. Menacerait-il ruine?

A ce sujet, celui de la solidité de l’immeuble après un incendie, je posais la question à mon éminent confrère Philippe Legros, architecte expert honoraire. Je luis posais la question ainsi:

Et si les pompiers n’avaient pas inondé le feu, mais uniquement protégé les tours et arrosé les pignons, que se serait-il passé?

Car enfin, toute la charpente a brulé, n’est-il pas?

Et donc je soulève la question: l’édifice n’était-il pas prévu pour résister à un incendie de charpente, sans couverture de plomb à l’origine? Et si la flèche ajoutée par Viollet Le Duc au 19ème siècle avait en fait fragilisé l’édifice? 

Suite aux catastrophes naturelles ou technologiques, l’ONU avance le concept de résilience urbaine: « La résilience est la capacité de tout système urbain et de ses habitants à affronter les crises et leurs conséquences, tout en s’adaptant positivement et en se transformant pour devenir pérenne.« 

https://fr.unhabitat.org/la-resilience-urbaine/

Demain, peut on imaginer une résilience architecturale, avant d’imaginer un programme de concours international?

Et le cas échéant, quelle part du feu faudrait-il prévoir à l’avenir?


Question architectonique: la charpente contribue-t-elle à la stabilité des maçonneries?

C’est une question que je me pose, ne connaissant pas dans le détail, le cas de la cathédrale de Notre Dame de Paris.

Je pars du postulats que la charpente de la couverture est un ouvrage autonome, permettant uniquement de soutenir la couverture (et donc d’évacuer les pluies) et les ornements décoratifs. Ainsi, les arc-boutants seraient suffisants pour reprendre les poussées de voutes sur les murs gouttereaux, sans recours à un chainage ou butonnage

Première contradiction: article paru dans BATIACTU paru le 26/04/219:

Quatre mois de sécurisation puis au moins 1 an de diagnostic pour Notre-Dame

Les deux co-présidents du Groupement français des entreprises de restauration de Monuments Historiques (GMH) expliquent les travaux qui ont été réalisés sur la cathédrale meurtrie ainsi que le calendrier des futures interventions de sauvegarde puis de diagnostic.

On y apprend notamment:

Les co-présidents du GMH ajoutent : « Notre-Dame est un jeu d’équilibre où la charpente bois participe, par son poids et son assemblage. Les matériaux et calculs de poussée du 13e siècle en tenaient compte« .

Or si tel était le cas, il faudrait prévoir des mesures conservatoires d’urgence pour re-stabiliser l’édifice.

Par contre, si tel n’était pas le cas, il serait opportun de se poser la question de l’intelligence des bâtisseurs du 13ème siècle, qui étaient confrontés des conditions de chantiers bien souvent empiriques et qui n’avaient las moyens de « calculer » les descentes de charges.

Il n’est pas outrancier de penser que les maitres maçons pouvaient imaginer que les maçonneries devient être auto-stable, avant la construction de la charpente. Ainsi, en cas d’incendie, les ouvrages maçonnés ne seraient pas menacés…

J’ai donc recherché des informations et suit tombé sur le site de Notre Dames de Paris, et noté ceci:

Techniquement, avec le gothique, la mise en place des ogives a nécessité des toitures à forte pente ; celles de Notre-Dame de Paris sont de 55°. De plus, la raréfaction de gros bois, en raison des défrichements et du développement urbain à cette époque, a rendu nécessaire l’utilisation de bois à section plus faible et donc plus légers qui ont permis l’élévation des charpentes et l’accentuation de leur pente.

Dans le chœur, il a existé une première charpente avec des bois abattus vers 1160-1170 (on estime que certains pouvaient avoir 300 à 400 ans, ce qui nous amène au VIIIe ou IXe siècles !!!). Cette première charpente a disparu, mais des bois ont été réutilisés dans la seconde charpente mise en place en 1220. Ils sont toujours là aujourd’hui. Pourquoi cette seconde charpente ?
– Incendie, ce n’est pas impossible.
– Mais surtout, rehaussement du mur goutterot de 2,70 m dans le chœur pour le mettre en conformité avec celui de la nef.
– Et aussi, agrandissement des fenêtres hautes.

Dans la nef, la charpente est mise en place entre 1220 et 1240. En effet, les travaux de la nef sont commencés en 1182, après la consécration du chœur. Certains pensent même dès 1175, avant la consécration. Les travaux s’arrêtent après la quatrième travée laissant inachevée la nef tandis qu’est commencée l’élévation de la façade en 1208. Les travaux de la nef seront repris en 1218 pour contrebuter la façade.

+05/05/19: Depuis je me suis replongé dans mes livres et retrouvé le passage du Dictionnaire Raisonné de l’Architecture de Viollet Le Duc consacré à la charpente.

Lire l’article dans la rubrique « EXPERTISES » de la catégorie <THEMATIQUES>


LA COUVERTURE EN PLOMB EST TELLE D’ORGINE?

Sur le même site officiel, on y lit:

Sur cette charpente repose une toiture de plomb constituée de 1326 tables de 5 mm d’épaisseur pesant 210 tonnes. Aux XIe et XIIe siècles, on couvrait les toits des églises de tuiles plates en raison des abondants gisements d’argile. Paris, étant loin de tels gisements, on lui préféra le plomb. En 1196, l’évêque Maurice de Sully lègue par testament 5 000 livres pour l’achat de plomb.

+05/05/19: Il est dommage que le Dictionnaire Raisonné de l’Architecture soit si peu explicite sur la notion de « COUVERTURE »

+07/05/19: trouvé par hasard une vidéo présentant le chantier le 6 avril 2019… avec quelques vues de la toiture en plomb.